L'Auvergne est riche
de ses volcans qui ont façonné les paysages, et lui permettent de
bénéficier de panoramas grandioses, d'une végétation luxuriante, de
sources d'une grande pureté, de roches aux compositions variées.
Ces roches volcaniques ont de multiples
utilisations, et la lave particulièrement en construction, génie civil, artisanat...
Sculpture,
gravure, émaillage sont différentes manières de sublimer ce matériau.
Parmi les particularités de
la lave on peut noter d'une part sa grande résistance à la chaleur,
mais aussi sa résistance au froid puisqu'elle est non gélive.
Installée
en extérieure, elle ne s'altère donc pas.
Les laves utilisées à l'atelier Émail et Merveilles sont la pierre de Volvic, la Chambois, et la Mont
Dore toutes trois issues de coulées volcaniques de la chaine des Puys et du
Massif du Sancy.
Ces poudres sont composées notamment d'alumine, de silice, d'oxydes métalliques et se vitrifient à la cuisson, révélant ainsi leurs couleurs. Les émaux peuvent être mats ou brillants, opaques ou transparents, aux teintes uniformes ou bien à effets. Ils peuvent être utilisés sur de multiples supports : terres, faïence, porcelaine, métaux... et comme ici à l'atelier Émail et Merveilles, sur lave. La montée en température leur confère, après refroidissement, une dureté qui les rend extrêmement résistants aux attaques chimiques, aux intempéries, aux rayures... Cette cuisson peut, en fonction de différents paramètres, se faire à des températures variables. Pour le travail sur lave, les émaux colorés dans la masse se cuisent à environ 960 ou 980°, mais sur cette première couche, il est possible de revenir poser des couleurs vitrifiables qui, elles, cuiront à environ 860°. Quant aux lustres (or, argent, cuivre, bronze..etc), ils nécessitent une température plus basse d'environ 750°.
La lave émaillée commence à priori en 1824 au laboratoire de la Sorbonne avec un nommé Barruel qui émaille des carreaux de domite (lave issue de la coulée du Puy de Dôme). Ferdinand Mortelèque, chimiste et peintre sur porcelaine, est encouragé par le Comte Chabrol de Volvic, alors préfet de la Seine et propriétaire de carrières à Volvic, à continuer les recherches, et il réalise le premier portrait en lave émaillée (pièce toujours conservée au musée de Sèvres à Paris). Ce sont alors des céramistes, des verriers, ingénieurs, peintres... etc qui s'intéressent à cette technique et tentent de la développer.
Dès lors des architectes incluent les émaux sur lave dans les façades de monuments, l'environnement urbain, etc.., à commencer par les plaques de rues de la ville de Paris, réalisées par l'entreprise Hachette à Paris (Mr Hachette était le gendre de Mr Mortelèque).
L'architecte Jacques Ignace Hittorff affectionne alors particulièrement ce matériau et son rendu, et il décide de l'intégrer au décor de l'Eglise Saint Vincent de Paul à Paris, alors en construction. Il souhaite un décor monumental en lave émaillée pour encadrer le portail. Le projet débute en 1833 avec des maquettes et dessins fournis par Pierre Jules Jollivet, puis c'est François Gillet qui est chargé de réaliser l'ensemble. Mais à la pose du décor en 1860, les dessins jugés osés, associés à des couleurs éclatantes et à la brillance de l'émail provoquent un scandale et la dépose est immédiate. Ce n'est qu'en 2011 que ce fabuleux ensemble sera remis en place, comme prévu à l'origine.
A cette époque, ce sont également des enseignes, des cadrans d'horloges, puis à la demande du touring club, les premières tables d'orientation qui sont réalisées en lave émaillée. La première est installée à Fourvière à la fin du XIXè siècle, réalisée par l'atelier Saint Martin près de Riom dans le Puy de Dôme. Depuis ces tables habillent nos paysages nous en facilitant la lecture et le repérage.
L'atelier Saint Martin dirigé alors par Maurice Seurat est le premier atelier d'émaillage sur lave en Auvergne puisque jusqu'à présent la lave provenait d'Auvergne mais l'émaillage était réalisé à Paris. Cet atelier connait au XXè siècle un essor considérable exportant dans le monde entier tables d'orientations, échelles d'étiage, paillasses de laboratoires et nombreuses réalisations destinées à la signalétique, au génie civil, à l'architecture etc...
En 1928, Michelin se dote d'un atelier d'émaillage et produit des plaques de lave émaillée pour la signalisation routière. En 1931 le ministère de l'intérieur et des travaux public adopte des bornes d'angles Michelin pour équiper les principales routes de France : ce sont 4 plaques de lave émaillée sur un support béton qui vont permettre aux français de s'orienter sur le réseau routier. Cet atelier fonctionnera jusqu'en 1970.
Vers 1975 une technique de photo-céramique est mise au point, permettant d'intégrer dans l'émail une photo imprimée avec des sels métalliques vitrifiables. C'est une avancée qui ouvrira de nouvelles perspectives, enrichissant ainsi les possibilités et rendus.
1990 : une formation d'émailleur sur lave est crée à l'école d'architecture de Volvic. Cette école deviendra ensuite l'Institut des Métiers d'Art de la Pierre et de la Construction : IMAPEC.
2011/2012, cette formation me
permet d'apprendre ce métier passionnant, et d'obtenir un diplôme
d'émailleur sur lave niveau IV, métier inscrit au répertoire des
Métiers d'Art. C'est dans la foulée que j'aménage mon atelier, à Jenzat
en Auvergne, dans une ancienne ferme à deux pas de la Sioule.
2020 j'adhère à la Marque Auvergne.
2023 dans le cadre d'une interview de Radio Coquelicot, je livre quelques éléments sur mon activité... vous pouvez réécouter cette interview ici.